Notre monde professionnel marqué par les transformations rapides, les incertitudes économiques et les tensions relationnelles dégrade de plus en plus la qualité du lien humain. Certaines entreprises innovantes repensent ce lien comme un levier essentiel pour favoriser la cohésion et l’efficacité. En Thérapie Sociale, le lien n’est pas un simple facteur de bien-être : il est un vecteur stratégique pour transformer les relations de travail et surmonter les défis collectifs.

 

Créer un cadre propice au lien

Dans les organisations, le lien se construit avant tout dans un cadre relationnel clair et sécurisant. Cela implique de cultiver intentionnellement des espaces d’échanges où chacun peut s’exprimer sans crainte de jugement. Le rôle des managers est central : ce sont des artisans du lien. En incarnant l’écoute active et la reconnaissance, ils deviennent capables de rassembler des équipes autour de projets communs si essentiels à la survie des organisations.

 

Transformer les tensions en opportunités

Les tensions souvent inévitables ne doivent pas être perçues comme des dysfonctionnement ou des failles mais comme des opportunités de renforcer le lien. En favorisant la pratique de l’intervention en Thérapie Sociale, certaines entreprises précurseurs transforment les ruptures en un moteur d’innovation et de coopération. Ces dynamiques permettent de dépasser les résistances individuelles pour construire une intelligence collective durable.

 

Le lien au service de la performance

Le lien humain fort est un catalyseur de performance. Les organisations qui comprennent ces dynamiques à l’œuvre s’offrent des longueurs d’avance dans la course à l’innovation, en renforçant le sentiment d’appartenance et la cohésion des équipes. Plus résilientes face aux crises et mieux préparées à relever les défis stratégiques, ces entreprises performent.

 

En plaçant le lien humain au cœur de ses pratiques, l’entreprise peut non seulement atteindre ses objectifs, mais aussi devenir un lieu d’innovation relationnelle, où certains impensés de la révolution technologique sont réparés de manière inédite.

 

Dans ma pratique d’intervenante en Thérapie Sociale, je suis souvent confrontée à ces enjeux. La première étape est bien entendu la création d’un cadre d’intervention dédié aux échanges au sein de l’équipe. Ce temps et cet espace spécifiques où l’équipe se retrouve avec pour objectif de mettre au travail les tensions relationnelles de manière explicite est ritualisé dans l’année.

Récemment, lors d’une intervention sur une journée, j’ai pu accompagner une équipe à définir ensemble les critères et les conditions de leur engagement mutuel vis-à-vis d’une situation de blocage connue.

Nous avons ouvert un espace dédié pour évoquer la situation, prenant le temps avec le manager de poser les bases de la contribution de tous, identifiant les motivations de toutes les parties prenantes, des plus motivées aux plus réfractaires. Les tensions ont été décrites, discutées, challengées, remises en cause et ceci notamment grâce à l’expression de tous les membres de l’équipe et à leurs rencontres dans une approche innovante. Chacun a pu exprimer ses besoins et ses craintes par rapport à l’ambition commune. L’écoute active de tous les membres de l’équipe a favorisé des prises de conscience. En recherchant ce qui les mettait en lien ou au contraire ce qui détériorait le lien entre eux, nous avons compris que les opportunités de transformation étaient parfois réduites à cause d’un manque de dialogue et de compréhension réciproque. Les réalités des uns ne sont pas celles des autres, et comprendre cette vie émotionnelle de l’équipe a ouvert de nouvelles options, créant des voies alternatives aux tensions traditionnelles.

L’intervention en Thérapie Sociale a permis de prendre le temps de se mettre à l’écoute les uns des autres et à faire face aux responsabilités individuelles et collectives pour que les enjeux portés ensemble deviennent plus motivants.

Mathilde Guillou