Le pouvoir est un besoin de sécurité primaire. Il conduit à la satisfaction de nos besoins en termes d’orientation, d’organisation de notre propre survie.

L’autorité évoque le besoin de construire du sens, de diriger, de motiver, de convaincre. C’est l’une des dimensions du leadership. Dans cette perspective, c’est l’autre qui me donne l’autorité. Faire autorité c’est être un auteur singulier tout en enrichissant l’autre.

Dans le cadre des relations transgénérationnelles actuelles qui existent dans les entreprises aujourd’hui, il y a parfois confusion entre pouvoir et autorité. Trop souvent, nous réduisons ces situations à un conflit générationnel : les Baby-boomers auraient grandi avec de fortes hiérarchies, la Génération X aurait appris à jongler entre autonomie et contrôle, les Millennials désireraient un leadership inspirant, et la Génération Z exigerait transparence et sens.

Mais cette lecture est simpliste, presque caricaturale. Une personne de 20ans peut très bien apprécier, voire être en demande d’un cadre clair et explicite, tandis qu’un senior de plus de 50ans peut rejeter l’autorité traditionnelle.

Il ne s’agit pas de l’année de naissance, mais des parcours, des expériences vécues, de la culture hérités et des contextes organisationnels. Une entreprise a besoin de faire autorité et les membres d’une organisation construisent ensemble les principes d’autorité qu’ils se donnent pour réaliser leurs ambitions.

L’autorité n’est jamais neutre. Elle réveille en chacun de nous des peurs profondes. La peur d’être menacé et de perdre sa sécurité. La peur d’être exclu et de perdre son appartenance au groupe. La peur d’être jugé, méprisé, privé de reconnaissance. Ou encore la peur d’être manipulé et d’avancer sans orientation. Dans une organisation, dès que l’autorité est perçue comme rigide, injuste ou autoritaire, ces peurs refont surface. Les masques apparaissent, les clans se forment, et les individus oscillent entre soumission et rébellion. L’autorité, au lieu de rassembler, devient un obstacle.

La vraie question est donc : comment transformer l’autorité en un levier de coopération ? Une autorité qui apporte de la sécurité plutôt que de l’intimidation, qui valorise l’unicité de chacun plutôt que de dominer, qui unit plutôt que de diviser. Une autorité capable de créer de la confiance, de donner un cadre clair mais flexible, et d’encourager une confrontation saine sans tomber dans la soumission aveugle ou l’opposition stérile.

Voilà, selon moi, ce qu’est le leadership transgénérationnel. Non pas un choc d’âges et de styles, mais une rencontre où les contributions de chacun sont reconnues, où même les voix les plus discrètes trouvent leur place, où les stéréotypes sont dépassés et où les rencontres improbables permettent de briser les clivages.

Et vous, comment vivez-vous l’autorité et le pouvoir dans votre entreprise ?

VALÉRIE MARETTE

Coach d’Organisations certifiée HEC Paris, Valérie est passionnée par les dynamiques de groupe, l’intelligence collective et les transformations. 

Elle s’appuie sur 20 ans d’expérience, d’abord dans le domaine de l’audit, puis dans différents rôles en tant que Finance Business Partner, Directrice du Contrôle de Gestion.