Un dirigeant m’a confié sa peur « Je n’aurai jamais assez de temps pour atteindre mes objectifs ! » Et si le vrai problème n’était pas le temps ?
Dans ma pratique d’intervenante en Thérapie Sociale je constate souvent que l’on n’est pas contraint par le temps, on est limité par nos obstacles. Comment fait-on les choses de telle manière qu’elles nous semblent irréalisables dans le temps imparti ? La réponse est souvent cachée dans nos peurs et nos non-dits.
Bien comprendre ce qui est difficile dans le fait de manquer de temps est une première étape. Nos besoins sont souvent cachés sous des couches superficielles, amoncelées pendant des années, masquant les essentiels avec lesquels nous avons dû négocier. Nos obstacles agissent comme des toiles d’araignées : invisibles au début, mais assez solides pour nous paralyser. Une manière de ré-évaluer nos obstacles est de rentrer en conflit avec eux.
Dans les organisations, quand un conflit éclate, il est parfois difficile de retrouver de l’intérêt commun. A contrario, certaines équipes ont fait disparaître le conflit …en apparence. Elles sont plus occupées à se protéger de leurs peurs que d’y faire face.
Les conflits ne sont pas des échecs, mais des passages obligés vers la coopération. Les éviter c’est comme refuser de traverser une rivière par peur de l’eau : on reste coincé sur la rive.
Vivre un conflit c’est accepter de le traverser. Lorsque vous êtes pris à parti dans un conflit vous êtes traversés par de nombreuses émotions, y compris les plus désagréables. La réalité devient menaçante. Nos peurs prennent le dessus et l’autre n’est plus celui que l’on pensait connaître.
Les membres d’une équipe peuvent développer des comportements violents vis-à-vis d’eux-mêmes ou des autres. Pour sortir de cette violence, plus ou moins explicite, il y a une opportunité de réapprendre à être en conflit.
Dans les organisations, traverser les conflits ensemble permet de sortir de la violence et d’identifier des bénéfices pour chacun. La coopération dans une équipe, c’est, à la base, la volonté de rejoindre cette équipe. La coopération implique la connaissance et la reconnaissance mutuelle, qui passe par des conflits salutaires. La coopération ne se décrète pas, elle se vit. Elle naît de la capacité à affronter les conflits ensemble, à se connaître vraiment, et à transformer les tensions en opportunités. Le conflit c’est apprendre à confronter les autres dans leurs zones d’illusions tout en rétablissant une image plus réelle et nuancée de soi-même et de ses valeurs.
Et vous, quel obstacle masqué vous fait perdre le plus de temps dans votre équipe ?
Mathilde Guillou